Pour l’instant, les membres de l’intersyndicale du site Sanofi de Vertolaye n’en sont qu’au stade des réunions d’information avec des élus du territoire. Afin de les sensibiliser et les mobiliser dans la perspective d’un éventuel combat social à mener.
Après le député André Chassaigne, ils ont présenté la situation, ce lundi, à la conseillère régionale Myriam Fougère et au président de la communauté de communes Ambert Livradois-Forez Jean-Claude Daurat.
Les salariés de Sanofi à Vertolaye dans l’incertitude
La CFDT, la CFE-CGC et la CGT expriment d’une même voix leurs craintes pour l’avenir du site de Vertolaye et de ses quelque 860 salariés.
Le contexte est le suivant : depuis le 1 er janvier 2017, une entité autonome, baptisée Cepia, rassemble les activités (commerciales, de développement et de production de principes actifs) des sites de Vertolaye, Elbeuf et Ujpest (Hongrie) dédiées aux clients tiers. Cette entité fait aujourd’hui partie de Sanofi… mais pour combien de temps, se demandent les organisations syndicales. Car l’avenir de Cepia est mis dans la balance par le groupe pharmaceutique lui-même (lire ci-contre). Et la cession est l’une des hypothèses avancées.
L’intersyndicale redoute ce scénario. « L’usine Sanofi Chimie de Vertolaye sera directement impactée. S’il y a cession, cela aura pour conséquence, au minimum, une réduction drastique de ses effectifs ».
Si on est vendu, certaines molécules peuvent intéresser le repreneur, mais pas toutes. Et si on sort de Sanofi, ce sera la double peine.
Aujourd’hui, l’activité de production chimique pour des tiers représente environ 70 % de l’activité totale du site de Vertolaye, pour 30 % de produits captifs vendus sous la marque Sanofi. Or, le marché des tiers est fortement concurrencé et les marges pour Sanofi sont moins importantes sur ces produits. Un argument financier qui fait peur aux syndicalistes. « Si on est vendu, certaines molécules peuvent intéresser le repreneur, mais pas toutes. Et si on sort de Sanofi, ce sera la double peine : on n’aura plus ni les investissements ni les process de développement du groupe et on deviendra producteur pour Sanofi avec une marge qui sera réduite par rapport à aujourd’hui ».
Autour de la table, lundi, à Ambert, les sourires étaient un peu désabusés. « On se sent impuissant », glisse un représentant syndical. En effet, comment convaincre une multinationale qui affiche un résultat net de 5 milliards d’euros de garder dans son giron un site dont les frais d’exploitation s’élèvent à 250 millions d’euros par an ? « On ne perd pas d’argent, plaide l’intersyndicale. On est moins rentable que le site qui ne fait que des produits captifs mais on est rentable ! »
Sanofi : performances financières solides en 2016
Tout en assurant du soutien et de la vigilance de la Région Auvergne Rhône-Alpes sur ce dossier, Myriam Fougère a proposé de miser sur « l’éthique » et « le devoir d’exemplarité » pour convaincre Sanofi. En parallèle, l’intersyndicale commence à fourbir ses armes. « Nous avons envoyé des questions précises à la direction, dans la perspective du comité d’entreprise extraordinaire du 1 er mars. Si nous n’obtenons pas de réponses, nous nous dirigerons vers un droit d’alerte ». Une réunion d’information auprès des salariés de Vertolaye est également prévue le 9 mars. Pour prendre le pouls des forces vives et décider s’il faut ou non changer de méthode…
Une réponse courant 2017
Sollicitée par mail, la direction de Sanofi a répondu hier à nos questions par l’intermédiaire de son service communication. Dans un premier temps, le groupe justifie la création de l’entité Cepia par la volonté de « mieux servir ses clients tiers ». Les trois sites rassemblés sous cette entité depuis le 1 er janvier 2017 (dont Vertolaye) « disposent d’une expertise forte et représentent une part importante de la production de principes actifs pour des clients tiers ». Et de poursuivre : « Cette nouvelle organisation contribue à une croissance durable de l’activité des sites concernés ».
Concernant l’avenir même de l’entité et donc, indirectement, du site de Vertolaye, Sanofi ne se prononce pas encore : « Nous nous laissons la possibilité d’envisager différentes options pour définir la meilleure stratégie de développement de cette entité, qu’il s’agisse d’une cession, d’une joint-venture ou d’un maintien au sein de l’entreprise. Nous apporterons courant 2017 une réponse à ces questions ».
Ce mercredi à l’Assemblée nationale
Au même titre que les élus locaux ou régionaux, le député André Chassaigne apporte sa pierre à la lutte qui s’engage. Cela a pris la forme d’une première réunion, mercredi dernier, dans les couloirs du Palais Bourbon, à laquelle participaient six députés concernés par des sites Sanofi et 13 représentants nationaux de l’intersyndicale. Selon André Chassaigne « la stratégie du groupe de « ventes à la découpe » n’a qu’un seul objectif : augmenter la profitabilité de l’entreprise pour distribuer toujours plus de dividendes aux actionnaires. ».
Une nouvelle table ronde aura lieu ce mercredi, à 9 h 30, au sein de la commission des affaires économiques de l’Assemblée, sur l’avenir de l’industrie du médicament en France. Philippe Luscan, président de Sanofi en France, y participera. Le député voit dans ce rendez-vous une « première étape », une nouvelle réunion avec les organisations syndicales du groupe Sanofi étant d’ores et déjà prévue le mardi 21 mars.
Thierry Senzier
20 mai 2017
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